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République des tables-bancs
19 septembre 2013

Il faut rendre grâce à l’Unicef car nous pouvons la critiquer : (5) l’école et les normes

En dépit du F final de son nom, l’Unicef se défend d’être un bailleur de fonds et préfère, dans les pays en paix, essayer des modèles dont elle espère l’adoption et la multiplication par les autorités. Une triple constante de ces essais est de s’adresser à l’école comme un lieu pertinent d’action (quand d’autres agences interviennent dans les ministères ou sur un intrant, le livre ou l’enseignant), d’intervenir au moyen de normes que l’école doit atteindre avec un peu d’aide, enfin de voir la vie de l’enfant à l’école comme un tout qui n’a pas son alpha et son oméga dans la seule suite des leçons qu’il y reçoit.

Après d’autres, l’expérience des « écoles amies des enfants » et « écoles amies des filles » est marquée par ces options.

Agir dans l’école par des normes est un contrepoint intéressant aux planifications parfois un peu grossières des niveaux centraux et des experts qui souvent produisent de l’absurde dans la réalité, faute de maîtrise des logistiques et de l’exécution des programmes d’investissements. Dans la vraie vie, souvent, là où il y a des maîtres, il n’y a pas de livres, là où il y a des livres, il n’y a pas de latrines, là où il y a des latrines, il n’y a pas de tables-bancs, et voilà pourquoi nos filles sont muettes. On sait aussi qu’en fait de résultats, l’effet-école statistique est plus grand, en Afrique, que l’effet-maître : les différences entre les écoles expliquent plus la dispersion des résultats que les différences entre les maîtres. L’alchimie pédagogique, cette boîte noire sur lesquels les chiffres perdent leur latin, l’endroit où les technocrates souhaitent que l’on « transforme les ressources en résultats », c’est donc l’école et non la salle de classe. Et c’est bien la normalisation des équipements et des pratiques, à cette échelle, qui, seule, peut mettre instituteurs et enfants dans des conditions de travail et de vie décentes. Après tout, ce n’est pas par hasard si dans de nombreux pays francophones, on instruit les maîtres dans des écoles normales.

Pour notre malheur hélas, l’Unicef communique peu sur les raisons qui la déterminent dans ses expériences – alors qu’elles sont simples et bonnes, et moins encore sur leurs coûts et leurs résultats. L’animation d’une poignée d’écoles amies (des enfants, des filles) peut souvent durer des années sans s’étendre, comme si elle constituait la norme minimale de travail des bureaux locaux de l’éducation de l’Unicef et sans que cette intelligente maison, habile en plaidoyers, n’embouche de fortes trompettes pour dire à tous qu’après les planifications, il y a de la vie et de l’ordre à mettre dans les écoles, parce que ça marche.

 

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  • Blog à deux voix. Celle de François Robert, consultant indépendant en éducation. Celle de Robert François, voyageur fasciné par le continent noir. Ces deux voix parlent de l’Afrique et de son école, mais pas seulement.
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